Mon expérience du virus
par François Bassaget,
président d’Annonay Réseau Info Santé
Fin octobre, j’ai eu une fièvre testée Covid positif pendant une dizaine de jours. Une fièvre entre 38 et 38,5, avec fatigue et manque d’appétit, mais aucun autre symptôme. Je m’en suis remis, petit à petit quand même.
L’épisode ne m’a pas trop stressé. Depuis les grosses peurs que j’avais pu prendre lors du premier confinement, j’avais cherché à dédramatiser la possibilité d’en mourir et j’ai l’impression que ça m’a assez bien réussi. D’après ce que certains disent, notre partie spirituelle et les problématiques qui s’y attachent continuent après la mort. Alors, finalement, là ou ailleurs, qu’importe! Mais j’ai quand même été soulagé de voir la fièvre s’arrêter. Il est plus agréable d’être en bonne santé que malade.
Mon retour à une santé physique « normale » m’a fait conclure que j’avais sans doute encore des choses à apprendre sur cette Terre. J’en avais pourtant un peu marre, me sentant dépassionné en fin de cycles, et en besoin de trouver de nouveaux centres d’intérêt. Fatigué physiquement aussi avec mes 70 ans passés. Et pas très attiré pour survivre dans un monde gouverné par la peur et des règles d’enfermement. Mais bon, le Covid ne m’avait pas tué, bien obligé de recommencer à vivre, mais pourquoi pas autrement? Car peut-être y a-t-il une vie différente après le Covid.
Quelques philosophes pensent que l’après Covid verra l’humanité se transformer, mais sans préciser beaucoup dans quel sens. Concrètement et dans l’immédiat, on voit surtout des commerçants, des familles et des enfants pressés de reprendre leur vie comme avant. Mais est-ce que ce sera vraiment possible?
À mon avis la peur qu’on aura eu de la mort changera nécessairement notre comportement dans la vie. Pour ma part, survivre à la maladie m’a enlevé des inquiétudes qui m’engageaient à me protéger et à fuir. Les peurs des autres ne me concernent plus. Mon existence ne me semble plus en risque proche d’être menacée ou écourtée brutalement. Je me la sens maintenant plutôt longue et tranquille. Longue, mais à la fois toute relative, du moins pour sa partie terrestre où différents dangers peuvent nous faire disparaître de la planète, seuls ou tous ensemble.
Le monde végétal me semble mieux organisé pour survivre plus longtemps sur cette Terre. Certaines espèces animales aussi, les plus petites sans doute. Les bactéries et les virus certainement aussi. Mais quand même, je trouve que ce serait bien qu’on arrive à tous survivre ensemble et pacifiquement. En se rapprochant d’eux? L’écologie durable me semble donc un objectif intéressant pour cet après Covid.
Une sagesse un peu plus sereine pourrait être aussi cultivée. Il faudrait pour cela accepter davantage l’idée de mourir un jour, qu’on soit jeune, adulte ou en Ehpad. Arriver à se mettre dans la tête qu’une partie de nous est immortelle, et que des changements de monde sont inévitables. Admettre pour cela la part de solitude obligatoire qu’on aura à l’heure de notre déménagement et face aussi à la gestion de notre existence. Notre monde veut trop vite oublier la perspective de la mort et les sens à trouver pour notre passage sur cette terre.
La période Covid n’a pas manqué non plus d’illustrer vivement les inégalités sociales: beaucoup y auront perdu des moyens de survie, et la pauvreté va s’aggraver. Les redémarrages économiques seront difficiles, et impossibles pour d’autres. Les activités « non essentielles » vont devenir plus risquées et devenir moins professionnelles à plein temps. Est-ce que nous allons enfin rétablir un équilibre plus acceptable des revenus de chacun?
La période Covid a vu aussi les gouvernements se mettre à limiter des libertés qui paraissaient fondamentales de déplacement et de réunion. Au nom d’un principe de santé, mais souvent dicté par le milieu médical et hospitalier. On ne l’aurait jamais cru possible, mais le milieu médical a été plus écouté que le milieu économique. Le prolongement et le maintien de la vie ont mis au second plan les préoccupations d’équilibre financier. Notre système libéral arrivera-t-il à reprendre le dessus, ou faudra-t-il qu’il admette que le maintien de la vie est le premier « profit » à sauvegarder?
Et vous, que pensez-vous de tout ça?
Avez-vous eu une expérience personnelle ou proche du Covid? Croyez-vous que la pandémie Covid va nous ouvrir les portes d’un autre monde? Quel monde? Et dans combien de temps? Ou en tout cas, quels seraient vos souhaits pour ce nouveau monde? Vos projets?
À bientôt de vos réponses?
François Bassaget
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