Éditorial du 1er juin 2022
Les émotions, trop négligées
par François Bassaget,
président d’Annonay Réseau Info Santé
Le thème des émotions, proposé il y a un mois par une thérapeute de l’association, a suscité pas moins de 13 autres contributions parmi ses collègues. Ce sujet semble donc être non seulement d’actualité, mais aussi d’importance en matière de santé dite « complémentaire ». Les réflexions seront donc réparties sur les trois newsletters de juin, juillet et août.
Pour notre santé, les émotions ne sont-elles que complémentaires? Au contraire, la psychologie moderne ne cesse de faire remarquer que l’émotion l’emporte souvent sur la raison et que les désirs, justifiés ou non, sont le moteur de l’existence. Et, en matière de santé, si la médecine de base continue de rester nécessaire, de plus en plus de maladies ou de malaises apparaissent déterminés ou augmentés par la vie psychique.
Ressentis et sentiments sont en effet à la base de nos désirs ou projets de vie. Le moindre bobo quotidien nous convie à la prudence ou à l’évitement. La satisfaction ou la déception nous font changer de projets. L’attirance ou l’aversion nous font changer de fréquentations. Nous avons ainsi tous intérêt à écouter notre « boussole intérieure » ou à bien observer notre environnement pour conduire au mieux l’existence dont nous rêvons.
Dans cette perspective, on pourrait utiliser davantage le mot « émotions ». On les limite souvent à des réactions extrêmes de panique ou d’enthousiasme. Mais ce sont les mêmes énergies que nous ressentons en nous tout au long d’une journée, entre appréhension, surprise, envie, contentement, lassitude, tranquillité… Ce sont aussi des émotions qui nous procurent les crispations d’angoisse quand elles n’arrivent pas à nous dire leur nom. Certains thérapeutes arrivent à sentir dans le corps ces traumatismes anciens qui ont besoin d’un peu d’aide pour se détendre.
Les vies de nos ancêtres ont été beaucoup dominées par des contraintes de survie, ou des devoirs d’obéissance. La vie moderne, plus facile et plus consciente, semble permettre de s’en libérer pour obéir davantage à nos envies de plaisir en liberté. Cela passe par « l’écoute de soi » et de nos ressentis, et par l’expression plus libre des émotions qui nous traversent. Ces manifestations de la vie qui nous habite ont sans doute bien besoin d’être réhabilitées. Au moins pour nous défendre face aux réglementations générales et anonymes qui envahissent nos sociétés, et face aussi aux analyses scientifiques et chimiques, toujours incapables de mesurer nos sentiments.
François Bassaget