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Un déconfinement à réussir

par François Bassaget, président d’Annonay Réseau Info Santé

Comme chacun a pu s’en apercevoir, le vent a rapidement tourné avec le changement de pente pris par les statistiques sanitaires: courbe en augmentation = confinement de rigueur; courbe descendante = déconfinement à l’horizon. Mais cet appel d’air ouvre sur un inconnu: le virus va-t-il disparaitre, avec son cortège de prudence et de peur? Nous serons certainement devenus financièrement plus pauvres. Est-ce que nous serons devenus plus sages et plus forts intérieurement?

Au début de l’épidémie, chaque belle âme a pu souhaiter que la crise aboutisse à créer un monde meilleur selon ses espoirs personnels: un monde plus solidaire, plus humain, plus écologique, plus responsable, plus mûr… On a pu espérer que chaque confiné ou isolé allait se renforcer dans un retour à soi-même et à un cadre intime minimal. Mais je ne suis pas certain que les conséquences de cette expérience soient forcément positives. Pas toutes en tout cas.

Dans ce confinement, certains auront pu se découvrir des capacités d’autosuffisance, le confort du repli sur soi, de nouveaux centres d’intérêt, des recettes pour la convivialité, des amitiés nouvelles… Mais on aura aussi vécu les peurs liées à l’isolement, les limites de la bonne entente avec les autres, le manque d’activité sociale. Et, dans les difficultés rencontrées, il aura été difficile de discerner ce qui tenait à nos faiblesses ou à la particularité de cette situation contrainte.

Les guerres sont-elles instructives? En France, on continue, chaque année, de se poser des questions sur celle de 14-18. On a encensé les morts comme des héros, alors qu’ils ont été victimes de l’esprit nationaliste, des rivalités entre dirigeants et du besoin de gloire des généraux. Va-t-on enfin finir par juger coupables les politiques et les militaires qui ont envoyé à la mort les paysans et les ouvriers du pays?

Pour moi, ce confinement épidémique posera aussi la question des décisions prises: un confinement tout ou rien qui concerne les bien-portants, ultra majoritaires, et qui renvoie de l’école les enfants et les jeunes qui ne sont pas sensibles à la maladie. Un enfermement difficile à supporter pour tout le monde, et dramatique pour certains. Une situation d’inactivité débilitante au profit des soignants, qui deviennent des héros. Mais en fait, les « professeurs » des hopitaux ont demandé à faire vider les rues et à paralyser la vie économique pour pouvoir travailler tranquilles dans leurs services. Avec un succès mitigé: 20% de décès parmi les cas confirmés! L’art de faire sortir les familles des chambres. Soigner les corps et les « malades » sans se soucier des sentiments, des liens humains, des besoins psychiques. Le milieu médical réclamait de la reconnaissance: il a bien pris sa revanche! Il est devenu pendant deux mois l’acteur principal et unique de la société.

Le pouvoir politique a suivi les demandes médicales, mais sans plus se soucier des facteurs économiques et humains. Comment peut-on imaginer que des êtres humains puissent se plier sans problème à une façon de vivre totalement inhabituelle et contrainte: sinon en répandant des menaces de mort, ou de contraventions, en agitant la priorité de la survie des personnes les plus à risque, en acceptant de payer les gens à rester chez eux. Mais pour quelles valeurs de vie générales? Les appartements ne sont pas faits pour y vivre 24h/24. Heureusement qu’il y a les écrans. Heureusement? Je croyais qu’il fallait travailler à s’en détacher.

La situation économique va sans doute aussi peser sur l’avenir. Sur les indépendants, sur les sociétés, sur la dette d’État et sur le système économique mondial. Il y aura des dettes à rembourser et des économies à réaliser, mais sur le dos de qui?

Et, dans nos prochaines relations avec les autres, on aura pris l’habitude de se méfier de tout le monde, en considérant que tout contact rapproché est risqué. Aurons-nous l’impression de continuer à prendre des risques à chaque rencontre? Garderons-nous plus volontiers des distances mi-prudentes mi-respectueuses? Ou peut-être qu’au contraire, nous étreindrons les autres avec ivresse et le sentiment d’une permission retrouvée.

Je continue à penser que notre peur de la mort reste un problème principal. Qui veut encore prendre des risques? Combien nous coûtent nos systèmes de sécurité? Vivons-nous pour autant avec plus de plaisir?

Nous sortirons bien sûr différents de cet épisode. Mais dans quelle proportion et pour quel profit? Et pour en tirer des leçons pertinentes, il faudra d’abord en avoir une vision juste. Car le problème aura été surtout la dramatisation de cette épidémie, peut-être seulement un peu plus dangereuse que d’autres, mais cela reste encore à déterminer. La dramatisation et les mesures qui en auront découlé, de façon exagérée presque partout à mon avis, seront le problème principal à examiner: car les dirigeants du monde ne semblent pas encore assez mûrs pour traiter de sang-froid de la vie et de la mort.

Et quant à nous, que va-t-il rester des peurs que nous avons pu connaître? Une sensation accrue de fragilité, sans doute. Elle pourra nous avoir affaiblis, ou nous avoir rendus plus mûrs. Plus conscients en tout cas de notre vulnérabilité dans cette existence terrestre, sur l’issue finale à laquelle nous ne pourrons pas échapper un jour. Et notre planète, parait-il, est aussi en danger. Cultiver la vie tout en se sentant individuellement mortel et de passage, voilà peut-être pour nous l’occasion d’abandonner de l’égoïsme pour pratiquer un peu d’amour universel et désintéressé.

François BASSAGET

président d’Annonay Réseau Info Santé

26 avril 2020

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